Adventure is just bad planning by Milan

ADVENTURE IS JUST BAD PLANNING

Vendredi 1

C'est vendredi matin, je viens de signer un contrat en Nouvelle Calédonie qui commence dans 9 jours et je suis encore au boulot sur Arcachon !
Pour ceux qui me connaissent bien, c'est ma méthode de voyage préférée, partir sans rien, du jour au lendemain. Quitter l'enfermement d'un système qui nous pousse à la stabilité, ce coup-ci j'ai quand même un job sur place !
Valise, avions, matos de pêche, papiers, dire au revoir aux ami(e)s, fringues... Ça va être court mais ça vaut le coup !
Je partirai en ayant quasiment tout bouclé, Thomas a été super réactif et j’ai fermé ma valise avec un stock de jersey anti UV indispensable pour les flats ! Merci encore pour ton efficacité.

Vendredi 2

Arcachon → Nantes → Paris → Hong-Kong → Auckland → Nouméa
48 heures de cafés solubles plus tard j'arrive chez moi, près du lagon, plus près du rêve que de la réalité.

Vendredi 3

Ma carte sort de la pointeuse, libre ! Malgré mes efforts, je suis encore prisonnier quelques jours par semaine de la machine qui nous dirige, même au plus loin, au cœur de l’océan. Je tends mon pouce au bord de la piste et on me conduit en direction des flats du Nord de la grande terre. Dans mon sac quelques mouches, un couteau et ma canne. Le sac vide est toujours un sac complet pour l'aventure. L'arrivée sur place, en synchronisation parfaite avec l'assaut des moustiques, est trop tardive pour s'organiser. Une table de pique-nique fera office de lit jusqu'aux premières lueurs du jour. Avant que le soleil ne passe les montagnes à l'Est, je glisse en direction d'un récif en bordure de platier qui semble être propice aux passages de poissons. Tout m’émerveille dans ce milieu que je ne connais qu'à travers les écrans, j'en oublie la pêche et mes rêves de GT. L'instinct me rappel à la réalité par un bruit de glissement dans l'eau, à peine perceptible, je me retourne et une carangue d'environ 20 kilos, dont le dos dépasse de l'eau, se dirige lentement dans ma diagonale. Tout s’arrête, l'instant est magique, la distance, l'axe, la lumière, le vent. Le lancer est facile, même avec un cœur à 200 bpm, la mouche tombe exactement où je veux. Au premier strip le poisson réagit avec une accélération impressionnante et saisi mon imitation de mulet local. Le ferrage qui s'en suit est médiocre mais l’hameçon semble bien ancré. Après une trentaine de mètres, il cède, la ligne se détend, mon corps aussi, un sourire sans fin et un éclat de joie me gagne. Cette joie je ne l'ai connue que deux fois, après avoir perdu un brochet géant en début d'année et ce jour-là ! J’explique difficilement pourquoi j'aime ce moment. La victoire d'un gros poisson, accordée à la beauté de l'instant nous recadre dans cet environnement qui n'est pas le nôtre, cette poésie est plus belle que n'importe quelle capture. Le reste de la journée apportera quelques individus modestes mais dont les couleurs feraient passer les espèces métropolitaines pour des poissons bichromatiques.

Filet de poisson frais dégusté au coucher de soleil sur le sable chaud, le chant des oiseaux et le ronflement du récif au lointain pour harmoniser l'ensemble. Le sommeil gagne et je regrette d’être seul à vivre dans ce rêve.

pastenague
Petite pastenague oublié, pourtant un poisson très puissant et amusant à traquer !

Vendredi 4

Les rencontres avec les cultures coutumières locales m'ouvrent de jours en jours les yeux sur notre manière de vivre, incompatibles avec l'équilibre environnemental, je pensais pourtant être suffisamment sensible à ce sujet, mais la simplicité du mode de vie local me prouve que le chemin est encore long.
Malgré la dualité à laquelle je m'expose entre le matérialisme et la décroissance, mon équipement de flatiste se parfait ; casquette, gants, cache cou, lunettes, leggings, ensemble en #8, #10, #12 et des mouches avec de vrais hameçons. Et surtout mes jerseys MF car ici le soleil est mon pire ennemi (avec les requins qui ne me laissent que des demis poissons). Mes voisins, qui sont aujourd'hui comme ma famille, m'emmènent près de Poum. L’accueil est chaleureux et déjà un voyage sur les îlots en face du gîte s'organise pour le lendemain. Au programme GT à vue, impossible de fermer l’œil. La nuit passe et avant les premières lumières, le son du 2 temps me pousse au large. Dès le débarquement, le thé est servi par le maître des lieux, je me présente pour pouvoir accéder aux terres coutumières en paix. Bercé par de longues histoires sur les poissons géants locaux qui se terminent toujours par  une casse de ligne, je me prépare ! Nous partons au nord de l’îlot où une langue de terre peu profonde avance vers le large, je me positionne sur une tête de roche et j’aperçois une masse au loin. Plusieurs lancers dans le vide pour m’entraîner, et enfin un requin apparaît à une vingtaine de mètres. Je lance, il suit mais ne prend pas, il a vraiment de gros yeux ! Il passe à mes pieds et je m'aperçois qu'il s'agit en fait d'une très jolie carangue ! Un lancer très court et la mouche tombe sur sa trajectoire, elle s'en saisie, le ferrage est propre ce coup-ci et un rush interminable s'en suit. Après 20 minutes à côtoyer la rupture du matériel au milieu des coraux, je saisi le monstre par la queue ! Ce poisson est vraiment impressionnant. Je le décroche, une petite séance photo et il repart doucement. Comblé par cette action, nous décidons avec mon hôte et photographe du jour de rentrer à terre pour quelques commissions et un bon repas.

Carangue
Quelques mètres derrière l'un des meilleurs promontoire pour traquer les GT's en wadding

Vendredi 5

Depuis, tous les vendredis, sont synonymes de visites, de pêche du bord, en bateau, à la mouche, aux leurres, seul, avec des clients, des amis... Mais surtout de rencontres et de moments de vie qui n'auraient jamais été effleurés si j'avais choisi la vie que le modèle formaté métropolitain nous propose.

J'espère que je vous ai fait voyager et donner envie de découvrir d'autres milieux aquatiques et culturels. Je remercie Maison Ferrage pour tous les coups de soleil épargnés depuis l'année dernière, mes amis qui sont toujours là quand je rentre après mes voyages improvisés et surtout ceux qui savent pourquoi je traverse cette Terre.

 

Comments

Oui félicitation pour ce récit bien ecrit et qui donne des regrets car ma femme était mutable à coté de Nouméa mais....bonne contiuation et merci encore

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